Le
Temps et la Chambre
de
Bothau Strauss
Tradustion Michel Vinaver
en juin 2005
mise en scène : Philippe Doré
Affiche
C'est
d'abord un lieu : une chambre ou un appartement dans une grande ville,
lieu de rencontre, mais aussi observatoire d'où l'on peut scruter
la vie du dehors. La vie des "petites personnes" comme dit Julius.
Dans cette chambre comme l'arbre qui rassure et protège, une colonne
est la mémoire du lieu.
C'est
aussi le temps : aboli au début de la pièce, comme dans
un rêve, il redevient ensuite concret : il rythme les rencontres
de ceux qui ont vécu ou se sont simplement croisés dans
la Chambre.
C'est surtout un personnage central : Marie Steuber, dont on suit les
pérégrinations sentimentales. Animal blessé, d'une
bonté désespérante, elle essaie en vain de se construire
à travers ses amours et ses désarrois.
Marie : décalée et naïve, réduite à l'état
d'objet, perdue dans un monde urbain où la générosité
et l'empathie sont absentes, où l'intérêt est le moteur
de la vie.
Botho
Strauss nous donne à voir la froideur du monde moderne, avec clairvoyance,
sans complaisance, il nous interroge sur ce que nous avons perdu : l'engagement
affectif et l'intelligence du cur. Ces élans humanistes sont
défaits dans sa pièce par la prudence excessive, le "prêt-à-penser"
et le pragmatisme de notre temps.
Marie
a plusieurs visages : ceux de la fragilité, de la passion et du
doute entre autres. Trois comédiennes nous restituent avec leur
nature ces ressentis. Ressentis avec lesquels il faut vivre sans les bâillonner,
car ils sont aussi, à côté du cartésianisme
et de la raison, l'essence de l'être humain. A côté
de Marie, d'autres personnages nous rappellent que l'homme au masculin
possède en lui une part féminine qui peut aussi l'aider
à appréhender le monde.
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