Tailleur pour dames : Théâtre des Rochers


Tailleur pour dames

de Georges Feydeau
en décembre 2001

mise en scène Philippe Doré

Affiche


Georges Feydeau est au théâtre ce que Jacques Offenbach est à l'opéra : du champagne ! Mais chez Georges Feydeau le champagne est toujours un peu vert et son théâtre évoluera au fil des pièces vers des scènes plus intimistes où les rapports entre les personnages tournent à l’aigre, mais sans jamais rien perdre en drôlerie. ("Feu la mère de Madame", "On purge bébé" , etc…)

Digne héritier de Eugène Labiche, Georges Feydeau a fait évoluer le vaudeville vers un style plus dépouillé (presque cinématographique) où rien ne doit être dit qui ne serve l'action et qui ne soit dans la logique des personnages. Les répliques sont courtes, le langage sans fioriture, les indications de mise en scène innombrables. Le langage du corps devient plus important que le texte. Avec le cinéma muet Max Linder, Charlie Chaplin et Buster Keaton, pour ne citer qu'eux, mèneront cet art de la pantomime à son apogée.

Le théâtre de Georges Feydeau connaîtra un long purgatoire après sa mort, méprisé par l’intelligentsia, qui ne voit plus ses pièces qu’à travers des représentations piteuses et déloyales où les comédiens se servent avant de servir l'auteur. Il faudra attendre la merveilleuse troupe de la Comédie-Française des années 1958-1965 (Jacques Charon, Robert Hirsch, Micheline Boudet et bien d'autres), pour retrouver la vérité féroce et désopilante de son théâtre.

"Tailleur pour dames" est une oeuvre de jeunesse, la première en 3 actes à remporter un franc succès lors de sa création en 1886 (l’auteur a 24 ans). Georges Feydeau y traite, comme souvent par la suite, de l'art de tromper son conjoint. Il s'amuse donc à mettre en scène 3 couples ainsi que d'autres personnages satellites. Ces personnages sont autant de grains de sable qui viennent enrayer les inventions des amants, maîtresses, maris et femmes, qui s’entrecroisent savamment en se racontant mensonges sur mensonges. 


On  trouve dans la pièce des personnages types tels Bassinet : le raseur, madame Aigreville : la belle-mère, Rosa Pichenette : la cocotte, dont les noms suffisent à éclairer leur caractère.

Derrière les quiproquos et les imbroglios se cache l'observation du monde que côtoie Georges Feydeau. Bien sûr les personnages sont poussés par l'auteur jusqu'au comble du ridicule, car l'objectif est bien ici de faire rire. Mais pour faire rire il dépeint sans complaisance ses propres travers ainsi que ceux de ses contemporains.