En
décembre 2013 et janvier 2014 :
KNOCK
ou le triomphe de la médecine de Jules Romains
mise en scène : Philippe Doré
son
& lumières : Véronique Doré
Décors : Thierry Daire
>Les
photos du spectacle
>Critiques
sur Billet Reduc
Jules Romains (1885-1972)
Auteur touche-à-tout, Jules Romains est élu à l’Académie
française en 1946, au fauteuil 12, succédant à Abel
Bonnard, lequel avait été radié l’année précédente pour
indignité nationale. En 1964, Jules Romains est nommé citoyen d’honneur de Saint-Avertin. Après sa disparition, il
est remplacé à l’Académie française, en 1973, par Jean
d’Ormesson.
Il est à l’origine du concept d’unanimisme*, dont il fut le
principal représentant, et dont la gigantesque fresque "Les
Hommes de bonne volonté", odyssée de deux amis, Jallez et Jerphanion, l’écrivain
et l’homme politique, racontée sur une période de vingt-cinq ans, constitue le plus
remarquable exemple romanesque. Après la guerre, il collabore de 1953 à 1971 au
quotidien L’Aurore que dirige Robert Lazurick. Après la Seconde Guerre mondiale,
il est politiquement plutôt conservateur ; partisan de l’Algérie française, il s’oppose à de Gaulle.
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*unanimisme : doctrine littéraire conçue au début du XXe siècle par Jules Romains, selon
laquelle l’écrivain doit exprimer la vie unanime et collective de l’âme des groupes humains et
ne peindre l’individu que pris dans ses rapports sociaux. Romains illustre cette doctrine par la
publication de La Vie unanime en 1908, livre imprimé par les poètes du groupe de l’Abbaye.
KNOCK ou le triomphe de la médecine
En produisant Knock en 1923, Jules Romains s’inscrit dans une tradition littéraire bien
française : la satire des médecins. Depuis le moyen-âge avec Le Vilain Mire, en
passant par Le Médecin malgré lui ou Le Malade imaginaire de Molière, nombre
d’auteurs ont stigmatisé l’ignorance, le pédantisme, le jargon des docteurs et surtout
leur inefficacité quand il ne s’agissait pas du danger qu’il faisait courir à leurs malades.
Cependant, en créant le personnage du Docteur Knock, Jules Romains a tant
appuyé le trait, que sa farce en trois actes dépasse une simple pochade qui raillerait
la médecine.
Avec Knock, Jules Romains dénonce le viol des consciences, l’asservissement des
foules à l’âge scientifique et commercial, lorsqu’un être sans scrupule spécule sur
nos peurs ataviques ou joue de nos travers. Mais ce qui est encore plus inquiétant,
c’est que Jules Romains ne nous a pas dépeint un escroc de génie, mais un être
persuadé de sa mission sociale, l’apôtre d’une nouvelle religion, un filou visionnaire
qui voudrait « mettre toute une population au lit pour voir, pour voir ». En fin de
compte, ce qui passionne Knock, c’est son emprise sur les individus par la science ou
par toute autre voie : « Il n’y a de vrai décidément que la médecine, peut-être aussi
la politique, la finance et le sacerdoce que je n’ai pas encore essayés ».
Un point de vue possible
Cette comédie est écrite en 1923, à une époque où l’emprise de la publicité intensive
sur le modèle d’outre-Atlantique commence à gagner l’Europe. L’idée de l’appliquer
au domaine de la médecine relevait, alors, de l’effet comique. Au delà de l’aspect
comique, un autre point de vue est possible. En effet, en 1922 sort un film de Murnau "Nosferatu le vampire". Dans ce film, l’employé du Comte Orlock (Nosferatu) se
nomme Knock. Nosferatu voyage sur un bateau, dont il décime l’équipage, tout en
amenant la peste. Dans la pièce de Jules Romain, Knock commence à exercer sur un
bateau dont tout l’équipage devient malade. Dans une des scènes finales de la comédie,
nous voyons l’ensemble des malades accompagner le docteur Parpalaid à sa chambre,
en le suivant dans l’escalier avec un air penchant plus vers le film d’horreur que vers le
comique. Le comble étant atteint sans doute lorsque Knock indique dans la scène
IX: "Que voulez-vous, cela se fait un peu malgré moi. Dès que je suis en présence de
quelqu’un, je ne puis m’empêcher qu’un diagnostic s’ébauche en moi... même si
c’est parfaitement inutile et hors de propos. À ce point que, depuis quelque temps,
j’évite de me regarder dans la glace".
Dans ce contexte, la phrase de Knock "Car leur tort, c’est de dormir, dans une sécurité trompeuse dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie" prend un sens
particulier.

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avec
: Perrine
Ageron, Cathy
Brun, Christine
Clery, Luis
Do Nascimento, Philippe
Doré, Pascale
Fichelle, Guy
Genibrel, Thierry
Llopis, Frédérique
Piau, Jean
Piriou, Hubert
Vinzani


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