Antigone
de Jean Anouilh
en avril 2009

mise en scène : Hubert Vinzani

son et lumières : Véronique Doré
>Affiche
>Critiques Billet Reduc




"La vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur ! " affirme Créon, roi de Thèbes et oncle d'Antigone, pour que celle-ci renonce à braver la loi qui lui interdit d'enterrer son frère Polynice, ce qui la condamnerait à mort. " Quelle femme heureuse deviendra-t -elle la petite Antigone ? (…) Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ? " lui répond-elle. Si elle "choisit" la mort, c'est donc pour échapper à la vie qu'on lui désigne, faite de "pauvretés (…) pour arracher, jour par jour, son petit lambeau de bonheur ".

A travers cette tragédie, ce sont bien nos valeurs qui sont éprouvées, et le prix que nous leur donnons. Comme Alceste, le misanthrope de Molière, qui aime trop l'humanité pour supporter l'hypocrisie, et qui se retirera, écœuré, dans son désert, Antigone aime trop la vie pour supporter qu'elle soit souillée de compromissions. Quitte à finir emmurée vivante, elle refuse le "politiquement correct" qu'incarne Créon.

Représentant l'ordre et la loi, ce dernier ne l'applique, néanmoins, ni par conviction profonde, ni par faiblesse, mais simplement parce qu'il assume la charge qui lui a été confiée, comme un artisan, par honnêteté, parce qu'il ne veut pas se défiler quand " cela [ le pays, la nation ] prend l'eau de toutes parts ", et que tous "ne pensent qu'à sauver leur précieuse peau et leurs petites affaires".

Pourtant, lorsqu'Antigone se dresse contre lui, il sent qu'il aurait fait comme elle à vingt ans. Seulement, à présent, il estime que vivre c'est savoir faire des choix qui ne sont pas toujours plaisants, et s'en est accommodé. C'est sur cela qu' il s'oppose à Antigone qui "ne veut pas être modeste", et qui "veut que tout soit aussi beau que quand elle était petite ou mourir".


Ce "duel", cette dialectique nous interroge : que sommes nous prêts à accepter dans notre vie, dans notre société et à quel prix ? Jusqu'où irions nous pour défendre ce en quoi nous croyons ? A moins de choisir d'être comme les gardes : "Eux, tout ça, cela leur est égal, c'est pas leurs oignons, ils continuent à jouer aux cartes… ".

 



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